Double personnalité [pv Ambre] (rp flashback)

Les bras tremblants, il grimpe dans le navire qui l'emmène hors de l'île. Combien de temps y est-il resté ? Baelfire ne saurait le dire. Chaque jour était à la fois différent et semblable, la notion du temps c'est perdu depuis bien longtemps pour laisser place à la folie quotidienne. Espoir, fatigue, malaise, colère. Des sentiments contradictoires se sont mélangés, la solitude l'a changé au point d'hésiter sur sa propre identité. S'il a pu survivre, c'est grâce à son apprentissage auprès du prince Edouard. En plus de lui avoir apprit à lire et écrire, Ambre a fait de lui quelqu'un de cultivé, qui connaît tout de la nature sans avoir besoin d'y mettre les pieds. Mais maintenant qu'il est sur le terrain, Bae sait quelles plantes sont dangereuses, celles utilisés pour les soins, celles qu'il peut consommer. Tout comme il a apprit à être observateur, réfléchit, stratégique et habile. Ambre a développé ses instincts survis, c'est ce qui l'a gardé en vie aujourd'hui.

Ambre … Qu'il garde pleinement en mémoire. La pensée de l'homme qu'il a admiré par dessus tout, l'empêche de sombrer. Pourtant s'abandonner à la mort aurait été plus facile et lui aurait permis de le rejoindre. Mais Baelfire sait aussi que son protecteur lui en aurait voulu d'avoir choisit la facilité. Pour lui, il doit vivre.

Lorsque les pirates l'ont trouvé, le brun ignore alors si son destin est scellé, dans le meilleur ou dans le pire. Les pirates ne sont pas réputés pour leur empathie et Bae garde un goût amer de ces derniers entretiens avec eux, les pirates étant la raison de son exil. Ou plutôt, un homme en particulier. Si on peut le considérer comme un homme. Questionné, aucun mot ne franchit la langue de Baelfire, qui se contente de les observer, muet pendant tout le trajet.

C'est finalement vers une autre île qu'ils embarquent. La première chose qu'il remarque, c'est que loin d'être déserte, elle semble au contraire, animée, à son plus grand bien. Certes, il a toujours été quelqu'un de social mais à ce moment là, il n'a jamais été aussi heureux de voir autrui. Heureux et craintif, prit d'un mouvement de recule, lorsqu'on l'approche de trop près. Baelfire écoute simplement ce qu'on a à lui dire, les projets à son égard, le Capitaine de l'île qu'il doit rencontrer pour décider de son sort. Mais avant ça, on l'autorise à prendre une douche, couper sa barbe et porter des vêtements décents.


Enfin propre, on l'emmène à l'arrière d'une taverne, dans une grande pièce qui semble être le bureau du Capitaine. Baelfire se fige devant lui, à l'entrée de la porte. L'homme n'a pas besoin de relever la tête de son bureau pour qu'il reconnaisse les boucles blondes. Les pirates s'annoncent, le capitaine lève la tête, confirmant ses soupçons. N'écoutant même plus ce qu'il se dit autour de lui, Bae reste figé, observant l'homme qui avance jusqu'à eux. Le voyant de plus en plus flou, le brun se rend comtpe trop tard que la raison de se changement est les larmes qui envahissent ses yeux.

Ambre !

C'est lui ! Comment est-ce possible ? Mais c'est bien lui. Il reconnaît chaque trait de son visage, malgré les changements notables. Soudainement proche de lui, Bae ouvre la bouche pour l'appeler mais aucun son ne sort de sa gorge. Devenu aphone avec le temps, c'est certainement temporaire, après tout, voilà maintes années qu'il n'a pas parlé. Alors la seule chose qu'il est capable de faire, c'est lever les bras pour effleurer ses joues avec ses mains. Les pirates interviennent mais Bae ne le lâche pas pour autant. Inconsciemment, il lève une barrière magique entre eux, interdisant ainsi qui que ce soit de les approcher. Doucement ses doigts remontent à côté des yeux, fixant les iris ternis, conscient de la vue diminuée. Mais il est en vie, c'est bien lui. Bae laisse échapper un petit rire silencieux. Mon dieu … Il l'a tellement cherché. Au fond, il l'a toujours su. Ses mains tremblantes serrent le haut du capitaine, sa tête se pose contre son torse.

« …... » Bae doit se forcer et retenter à plusieurs reprises avant de réussir à prononcer ce nom. « Ambre. »

Ses bras enlacent sa taille pour le serrer contre lui, de peur qu'il disparaisse. Situation plutôt étrange, Bae ignore après tout si Ambre l'a reconnu ou même s'il se rappelle du petit Baelfire. Il ne comprend pas non plus comment il peut être là, mais se contente de profiter. Peut-être qu'au final, il a basculé dans le monde des morts.

Capitaine Ambre, c'est ainsi que tout le monde sur l'île de Glenwick l'a toujours appelé. Certains s'entêtent même à lui donner le titre de Gouverneur ce qui n'est peut-être pas tout à fait faux dans le sens ou c'est bien lui qui gère entièrement les affaires de l'île et y fait respecter l'ordre, mais Ambre n'aime pas cette appellation qui lui confère plus de pouvoir qu'il n'en possède réellement car s'il y a bien une chose que le Capitaine apprécie concernant Glenwick, c'est bien qu'elle est libre! Entièrement libre. Elle n'appartient ni à l'empire Britannique, ni à aucun autre d'ailleurs, le statut de "Gouverneur" ne peut donc pas y être officiel. Une île auto-suffisante et qui fait office de centre de commerce maritime pour la plupart des marins... mais surtout... pour les bandits des mers, les pirates. Bien sûr, le tout sous le couvert d'une discrétion exemplaire afin d'éviter d'attirer l'attention de la couronne et de risquer de se faire envahir par les royaumes influents.

Malgré sa cécité, Ambre n'a aucun mal à remplir les papiers nécessaire durant les transaction de marchandise, se déplacer ou encore se défendre, il peut donc pleinement assurer son rôle de figure influente de l'île sans avoir besoin de quiconque pour l'assister et c'est peut être bien pour ça qu'il est intimement respecté par la population résidente de Glenwick ainsi que les navires de passages qui ne s'arrêtent que pour décharger leur cargaisons et profiter d'un bref séjour à terre. Et le travail, ce n'est pas ce qui manque, le Capitaine est tellement occupé par ses affaires qu'il n'a plus eu l'occasion de prendre la mer depuis bien longtemps, sans doute l'un de ses seul et unique regret alors qu'il se satisfait pourtant pleinement de sa vie de tous les jours.

Et aujourd'hui encore, le Capitaine est très largement occupé dans son bureau par tout une flopée de paperasse qu'il doit s'occuper sérieusement de signer afin d'approuver la revente d'une cargaison qui avait été amené sur l'île quelques jours plus tôt. De bon client à lui. Les recéleurs sont un équipage assez influents pour obtenir une part de la revente qui ferait des envieux. Sa plume à la main, enchainant les feuillets dont il connait la moindre lettre par cœur, Ambre est pourtant plus concentrer sur un autre point de son bureau. Une horloge. Ou plutôt, le tic-tac incessant de l'horloge. Il compte soigneusement les secondes qui défilent plus le temps passe, plus il semble ravis car aujourd'hui son propre équipage, celui qu'il n'a pas pu se résoudre à accompagner en mer une fois de plus, délégant son poste à un camarade de confiance, va rentrer au port après des semaines d'absence. Et il est bien loin de se douter du "butin" que lui rapportent ses hommes.

L'heure de l'amarrage approche et Ambre attente impatiemment le moment où on viendra lui annoncé que son navire est enfin de retour. Justement, voilà qu'on frappe à sa porte et un homme s'approche pour lui annoncer la nouvelle. Les gars ont ramené un jeune homme avec eux. Un garçon vraisemblablement abandonné sur une île déserte et au vu de son état, ça faisait plusieurs années qu'il errait seul. L'homme demande au gradé s'il doit le lui amener afin qu'il essaie de lui soutirer des informations puisque le jeune homme n'a visiblement rien voulu dire depuis qu'il est avec les pirates. En soit, ce n'est pas particulièrement étonnant. Ambre acquiesce finalement et patiente donc jusqu'au moment où on vient frapper une seconde fois à sa porte. Les hommes entrent dans le bureau de leur Capitaine, avec eux, le rescapée de l'île déserte, toujours silencieux.

Lorsque le Capitaine lève la tête pour envisager ses visiteurs, plus qu'autre chose, c'est bien la silhouette du garçon qui l'attire entre mille, mais pas seulement, son odeur, la posture dans laquelle il se tient, il ne peut pas distinguer les formes de son visage comme ses yeux ou son nez, mais il sait déjà qu'il ne se trompe pas. Il sait qui est ce jeune homme. C'est donc sans crainte aucune qu'il s'approche et se laisse approcher contrairement aux pirates qui n'acceptent pas de laisser leur Capitaine se faire toucher aussi facilement, ils aimeraient intervenir, sortant sabre et mousquet, attraper le plus jeune pour le tirer de force vers l'arrière mais de toute évidence quelque chose les en empêches. Alors pour calmer la cohue générale entrain de bouillonner dans le bureau, Ambre levé la main à ses hommes pour leur faire signe de se calmer. Il sourit tendrement tandis que les mains de Baelfire, puisqu'il sait déjà que c'est lui, caresse son visage comme s'il n'en revenait pas. En effet, il y a de quoi être surpris, le jeune homme devait sans nulle doute le croire mort après toute ses années... et il n'est pas le seul, a vrai dire le monde entier pense le Prince Edouard disparu pour toujours, et c'est bien ce qu'il avait souhaité et qu'il souhaite encore.
 
- Ça fait longtemps n'est-ce pas?

Les hommes se regardent avec curiosité, alors comme ça le Capitaine connait ce garçon? Curieux. Mais personne n'ose interrompre ce moment qui semble autant important pour le plus jeune que pour l'ainé. Et lorsque la voix de Baelfire raisonne enfin pour s'adresser au gradé, Ambre sourit de plus belle et échappe un petit rire amusé.

- Et oui, c'est bien moi! Il répond à son étreinte en passant ses mains sur ses épaules puis dans son dos. Tu es surpris?

Comment ne pas l'être?! Mais ça amuse assez le Capitaine de voir son petit protéger réagir comme s'il venait de voir un fantôme. Il passe alors une main sur le visage du jeune homme, devinant sans peine ses traits qui sont exactement les même que ceux de l'enfant qu'il a connu... en plus mature.

- Je t'ai reconnu... Bae.

Il le serre contre lui et murmure d'une voix rassurante.

- Tu reviens de loin m'a-t-on raconté... Qu'est ce qui s'est passé? Demande le Capitaine avec peut être un brin d'inquiétude dans la voix.

Est-il étonné ? Non. Confus, peut-être, ça oui. Mais en y repensant, jamais il n'avait pu accepter l'annonce de la mort d'Ambre. C'est ainsi qu'à commencé son périple, qui a fini tragiquement certes. Incapable de répondre quoi que ce soit, Bae se concentre sur son attitude. Cette bienveillance ne l'a jamais quitté. Même maintenant. Son sourire est toujours aussi chaleureux, quoi qu'un peu taquin. La petite ride au coin de ses lèvres montre que malgré la joie apparente, il reste inquiet. Ses mains remontent sur ses joues, découvrant ainsi chaque détails de sa peau. Baelfire ressent d'infimes cicatrices, à peine voyantes, à peine touchables, qui pourtant ne lui échappent pas. Le jeune adulte continue son exploration, remontant jusqu'au coin de ses yeux. Les pupilles bleus sont ternies, démontrant une infirmité. Qui n'est pas totale mais suffisant pour l'empêcher de reconnaître les détails sur les formes. Il s'en est accommodé. Remarque immédiatement Bae. Ce n'est pas étonnant en soit. Ambre a toujours su s'adapter à toute situation, et surtout à en tirer profit. Il a sans doute développé tous ces autres sens. Ce qui lui a permit de le reconnaître. Car même privé de la vue, aucun détail n'échappe à la vigilance d'Ambre. Le jeune homme le connaît bien assez pour pouvoir le certifier sans aucun doute. Ambre est un pur et simple génie. Ses mains remontent dans les boucles soyeuses et clairs. Les tripotant, il rit doucement sans pouvoir s'en empêcher. Ca, ça n'a pas changé. Un petit point commun avec lui que déjà enfin, Bae c'était plu à noter.

Alors Baelfire enlève simplement son couvre chef pour le déposer sur la tête de l'homme en face de lui. Il n'y a pas besoin de mots. Ce geste signifie qu'il l'accepte bel et bien comme étant Ambre. Son Ambre. Si ce détail ne semble pas important dans le sens où oui, c'est bien Ambre, et qu'après ces quelques minutes, son identité est révélée depuis un moment déjà, ce geste prouve cependant que les sentiments, le respect et la loyauté de Baelfire à son égard, n'a pas changé. Et cela ne changera jamais.

Voyant l'émotion passer sur le visage de son chef, Ruthven se retourne vers les autres hommes. Il a bien conscience de déranger un moment particulièrement intime. Ils n'ont rien à faire là. Le jeune homme ne ressent aucun danger. Juste une affection particulière, un lien sensible mais dont la puissance s'impose. Ils n'ont pas le droit d'interrompre ce moment. Ruthven passe une main dans sa chevelure rousse, un peu embarrassé. Finalement, il esquisse un petit sourire.

« Allez les gars, c'est ma tournée ! Un peu de rhum, laissons notre capitaine et gouverneur pleurnicher sans témoins. » Petit clin d'oeil espiègle aux deux intéressés, l'homme musclé, taquin et bienveillant prend congé en lançant ainsi le départ des autres hommes.

Bae les regarde s'éloigner en clignant des yeux avec un air stupide, puis reporte son attention vers Ambre. En silence, il l'observe sans le quitter des yeux pendant de longues secondes, puis plutôt que de répondre à sa dernière question, Bae se laisse tomber à genoux.

« Je suis Baelfire. Et que vous soyez le Prince Edouard ou Ambre, peu importe. Ma loyauté a toujours été à votre égard. Vous êtes mon passé, mon présent et mon futur. Plus que ça, vous êtes celui qui a donné un sens à mon existence. Ma raison de vivre. C'est grâce à votre enseignement que j'ai pu survivre dans cette île pendant 4 ans. Seul. »

Au lieu de se briser, malgré ses émotions, sa voix est pleine de passion et de détermination. Son calvaire durant ces dernières années a subitement l'air de s'être effacé pour laisser place à un sentiment bien plus profond que son désarroi. L'amour. Il a enfin retrouvé ce qu'il cherchait. Celui qu'il cherchait. Ambre n'a jamais quitté ses pensées. Pas une seule journée. Et c'est en effet grâce à tout ce qu'il a apprit à ses côtés qu'il a pu survivre dans cette île. Débrouillard, attentif, curieux. Et surtout, un grand savoir. Quelle plante utiliser pour se soigner. Ce qu'il peut manger, ce qu'il peut fabriquer. Ce qu'il ne doit surtout pas toucher. Et aussi l'esprit. La maîtrise de soit. Vider sa colère, sa peur et sa haine. Si face à Morgan ça n'a pas marché, noyé dans son flots d'émotions, sur l'île il a eu beaucoup de temps pour exercer et mettre en pratique tout ce qu'il a apprit.

Le visage plein d'espoir et de profonde affection de Bae se lève vers Ambre. Il ignore s'il peut voir ce qu'il ressent en ce moment, mais cela n'a aucune importance. Si Ambre lui a apprit à se servir de ses expressions comme arme ou argument, il ne le fait pas face à lui. Ce n'est qu'une sincère démonstration. Face à Ambre, il n'est que d'une sincérité naturelle.

« Je désire retourner à votre service. C'est mon plus grand souhait. Ambre, laissez moi être vos yeux ! »